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Rémunérations en 2020 : le temps est à la retenue.

17 novembre 2020 La vie éco

Chaque année, les rémunérations attirent l’attention des DRH et autres spécialistes de la rémunération.

Pour 2020, la crise sanitaire vient quelque peu perturber leurs prévisions en la matière.
Il va sans dire que la crise sanitaire actuelle a provoqué une réaction en chaîne qui a impacté toutes les entreprises et tous les secteurs d’activité. Pour beaucoup d’entre elles, la Covid-19 a de fortes conséquences négatives sur les résultats de leur entreprise durant ces mois-ci et pourront même s’étendre dans les 12 prochains mois.
Dans cette optique, le cabinet LMS ORH, en collaboration avec son partenaire international Willis Towers Watson, vient de publier sa dernière enquête afin de tirer les grandes tendances de l’année 2020 sur les salaires. L’enquête en question a concerné 104 entreprises locales, avec une dominance des secteurs des High Tech et services (38% de l’échantillon), et couvre 8 000 postes traités.
Premier constat en la matière est que les gels salariaux – tout comme le taux de chômage estimé à 12,7% cette année, la croissance du PIB (-3,2%%) et l’indice des prix à la consommation – affectent de façon importante les budgets annuels d’augmentations salariales qui sont réellement accordées par les organisations.
Beaucoup d’entreprises réfléchissent notamment à l’élaboration de mesures concernant la politique de rémunération en vue du contexte actuel. Ainsi, la plupart des entreprises ont envisagé ou ont déjà diminué ou reporté les augmentations initialement prévues. De plus, elles envisagent de geler les salaires.

L’effort est concentré vers la préservation des équilibres économiques et la préservation de l’emploi
Selon Achraf Dahbi, directeur Activités au sein du cabinet LMS ORH, «l’évolution observée entre 2019 et 2020 (en moyenne 4,2% d’augmentation) va frôler le 0% en 2021. Je pense que cela paraît comme une évidence, tellement l’effort est totalement orienté vers la préservation des équilibres économiques et la préservation de l’emploi». Et de poursuivre que «la réaction initiale des entreprises a été de garantir la sécurité des salariés tout en veillant à la continuité du business et en ajustant la communication aux besoins des collaborateurs. Les entreprises sont aujourd’hui dans l’obligation d’introduire des modes d’organisation adaptés au nouveau contexte, aux nouvelles conditions de marché, au rythme de la reprise et aux attentes des salariés. Les DRH devront remobiliser les équipes, introduire agilité et flexibilité dans l’organisation du travail et accompagner l’accélération de la digitalisation de l’économie».
D’après les résultats de l’enquête, les augmentations initialement prévues sont en moyenne de l’ordre de 4,2%. Cette moyenne est ramenée à 2% dans le secteur pharmaceutique, selon M. Dahbi, pour qui le secteur a connu une évolution inférieure à celle du marché en raison d’un renouvellement des générations. Les salaires des nouveaux arrivants, notamment les délégués médicaux, ont été recrutés à des salaires bas sur le marché.
En revanche, le secteur des High Tech connaît une moyenne des augmentations salariales de 4,3%, dûe en grande partie à une forte attractivité des entreprises du secteur, notamment dans l’offshoring.
Quant à la structure des rémunérations, on peut dire qu’il n’y a aucun grand changement à signaler. Au fil des années, la part fixe du salaire continue à constituer l’essentiel du salaire (dépassant les 80% de la rémunération totale).
A noter que le manque de différenciation sur la base de performance dans la distribution de la rémunération variable reste de mise. Le marché marocain laisse également entrevoir la faiblesse de la part variable dans la rémunération globale. L’indexation de cette grandeur sur le fixe crée davantage de pression sur le fixe et accentue les éventuels cas d’iniquité existants. Le marché marocain fait également état d’une faible corrélation entre performance et rémunération variable. Cette dernière étant considérée très souvent comme un complément de salaire et ne joue plus son rôle de levier de performance.

Des augmentations systématiques en cas de promotion
L’enquête 2020 donne également quelques indications sur l’évolution de la rémunération de certaines fonctions. Le salaire annuel médian d’un manager coordinateur de la fonction RH tourne autour de 800 000 DH, soit une progression de 3,6% par rapport à 2019. Pour sa part, le salaire médian d’un professionnel intermédiaire de la fonction Supply chain & logistique est de 217 071 DH, enregistrant ainsi une progression de 3,5% par rapport à l’année précédente.
De même que le salaire médian d’un administratif intermédiaire dans la fonction services administratifs tourne autour de 95 901 DH, soit une progression de 5,9% par rapport à 2019.
Enfin, l’enquête montre que les entreprises accordent systématiquement des augmentations promotionnelles, notamment dans les cas de l’attribution de nouvelles fonctions, la responsabilité de la fonction augmentée, la performance individuelle ou encore l’ancienneté.

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